7
Elodie Guignard
FRANÇOISE AU FAUTEUIL ROUGESÉRIE « LES MAGNIFIQUES », 2012
Prise de vue argentique. Impression numérique jet d’encre sur papier Hahnemühle Rag Bright White. Édition 1/7. Format avec cadre : 80x80 cm.
« On m’a appelée La Duchesse » explique Françoise, compagnon d’Emmaüs, après avoir posé devant l’objectif d’Élodie avec des fripes qu’elle a elle-même choisies dans le dépôt où elle travaille. « L’habit change l’homme » affirme un autre compagnon et Balzac le sait bien, lui qui décrit avec une précision affolante et vertigineuse les moindres détails des costumes de ses personnages.
Qu’aurait-il pensé de cette image où la photographie prend la place des mots ? Il aurait certainement très vite repéré le décalage entre le personnage réel et le personnage posé, entre la situation précaire et celle que l’argent ou le rang social permettent d’obtenir. Mais le modèle reste lucide : « Je suis entrée dans une oeuvre d’art » dit-elle.
Les illusions ne sont pas perdues puisqu’elles restent réalité de l’imaginaire en se fixant sur le papier sensible. Balzac a redouté les prises de vue qui pouvaient lui arracher comme une couche de sa personne.
Françoise Paviot
1 « Balzac s’est néanmoins laissé photographier dans une tenue composée par lui-même. ». Finalement, Elodie vient paradoxalement dissiper ses craintes en redonnant à Françoise et ses compagnons un « supplément d’âme ». Ceux qui doutaient d’eux-mêmes savent maintenant que les artistes connaissent l’art de nous dérober au temps et celui de nous inscrire dans la durée.
Elodie Guignard est née en 1979. Elle est diplômée de l’Ecole d’Arles et expose régulièrement dans les centres d’art et les festivals, en France et à l’étranger, notamment en Inde et au Bangladesh où elle séjourne régulièrement. Ce travail avec les Compagnons d’Emmaüs a fait l’objet d’une exposition à la porte de Versailles à l’occasion des 60 ans de la Communauté.