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Lydia Flem
« SOUS LA LOUPE », 2008
Tirage couleur à développement chromogène. Édition 1/3. 50x50 cm
« Balzac raconte sûrement autant les enjeux de notre siècle que du sien, lui qui a construit son oeuvre comme un réseau infini. » Lydia Flem.
Lydia Flem psychanalyste et écrivaine devient photographe en 2008 à un moment où elle ne trouve plus l’énergie d’écrire. Aussi préfère-t-elle photographier l’assemblage d’objets éclectiques qui communiquent entre eux et font sens. Cette grammaire surréaliste et cohérente révèle un récit intime mais qui par bien des aspects convoque notre mémoire collective. Il existe un lien clair entre La Comédie humaine de Balzac et le Journal implicite de Lydia Flem : le principe de série qui au-delà d’un processus formel rigoureux, invite au fil des années à sa propre relecture.
Ces deux oeuvres offrent en effet de multiples niveaux de compréhension tel un « réseau infini » sans cesse réactualisé. Sous la loupe met en scène des objets à l’esthétique très XIXe siècle évoquant le goût d’une analyse minutieuse : l’incision, l’observation, la représentation, l’oeil pour le rappel à l’humain. Autant d’objets, autant d’emblèmes d’observation: premier sens sollicité pour l’écrivain et l’artiste ; puis vient l’émotion par la présence d’un curieux objet métallique, anachronique, intemporel, précieux sans doute qui interroge ou perturbe le récit, un peu comme la fève qui ramène aux sensations de l’enfance.
De cette expérience quotidienne d’observer, d’analyser, de lire, d’écrire, de décrire, il m’a semblé que Lydia Flem et Honoré de Balzac s’étaient tous deux rejoints à deux siècles d’écart sur le terrain d’une sociologie ouverte aux sentiments : une vaste fresque humaine qui s’exprime tantôt par une écriture à l’encre tantôt par une écriture de lumière.
Anne Lesage