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Alkis Boutlis

SANS TITRE, 2020 

Cliché-verre, chimiogramme, huile sur papier photographique. Pièce unique.50,5x40,5 cm.

Alkis Boutlis (artiste grec né en 1978, vivant à Thessalonique) est diplômé des Beaux-Arts de Saint-Étienne (en 2002) et de la Norwich School of Art & Design (en 2004). Après avoir pratiqué la céramique et le dessin, il se plonge dans l’histoire de la peinture et fait appel aux grands maîtres pour développer ses propres questionnements : Cranach, Vermeer, Velasquez… Il reprend des techniques anciennes (comme la peinture d’icônes) et peint minutieusement à l’huile sur bois, réinterprétant savamment ou citant parfois de manière littérale des détails de tableaux célèbres. 

Invité par la Maison de Balzac en 2018, Alkis Boutlis étudie trois romans de l’auteur, qui changeront significativement sa manière de travailler : Louis Lambert (1832), Séraphîta (1835) et Gambara (1839). Ces textes, porteurs d’une réflexion sur la création, et très éloignés du réalisme généralement reconnu de Balzac, vont inspirer toute une série d’oeuvres d’Alkis Boutlis, et notamment ces clichés-verre.

Cette technique ancienne consiste à peindre une plaque de verre qui, ensuite, est utilisée comme un négatif pour impressionner un papier photographique. Alkis Boutlis retravaille ensuite le tirage en peignant à l’huile sur la photographie. Ces oeuvres sont donc toutes uniques.Séraphîta se déroule dans un pays nordique, la Norvège, que Balzac semble décrire « fidèlement » alors qu’il ne s’y est jamais rendu, et dont les paysages changent en fonction de l’humeur de Séraphîta. 

C’est cette capacité du génie créateur à ouvrir sur l’imaginaire qui intéresse Alkis. Il la retranscrit doublement : d’une part en faisant référence de manière quasi littérale aux oeuvres romantiques de Caspar David Friedrich, dans lesquelles les paysages se font l’écho de l’âme tourmentée du peintre ; d’autre part en utilisant un médium censé reproduire fidèlement la nature : la photographie. Empreintes de mystère, voire de mysticisme, ces oeuvres révèlent la capacité de la photographie à ouvrir sur un autre monde, une autre réalité. 

Emmanuelle de l’Ecotais